Augustinus Hieber est né le 15 février 1886 à Strassdorf, près de Schwäbisch Gmünd, en Souabe du sud (Bavière). Ses parents étaient des paysans qui conservaient fidèlement l'héritage des traditons, de la foi et de la piété profonde caractéristiques de l'Allemagne méridionale. Cinquième enfant, fils unique, Augustinus connut une enfance laborieuse à l'ombre de la ferme paternelle. La famille entière était très unie et heureuse.
Il avait dix ans lorsqu'il entendit l'appel à la vie religieuse: c'était au cours des vêpres du dimanche. Il se tut tout d'abord et continua simplement de travailler avec son père. Quelques mois, paisibles et tout consacrés au travail, glissèrent sur ce secret qu'ils enveloppaient et préservaient efficacement. Un jour, comme il était à l'étable à soigner le bétail, l'enfant entendit de nouveau la voix mystérieuse: "Tu dois être prêtre."
Il en parla à son père. Il a souvent raconté, avec émotion, comment les mains du fermier se serrèrent l'une contre l'autre avec un tremblement et comment, pendant un temps assez long, aucun mot ne put sortir de la bouche paternelle. Finalement, le père le regarda gravement et dit lentement:
- "Mon garçon, je ne te dis qu'une chose: si tu dois être prêtre, sois un bon prêtre, sinon ne sois pas prêtre!"
Ses parents le firent entrer au lycée en 1896 à Schwäbisch-Gmünd. Il entra au séminaire de Rottweil en 1901, puis étudia la philosophie, quelques langues orientales et la philosophie à Tübingen et fut ordonné prêtre le 13 juillet 1910 par Mgr Paul von Keppler, évêque de Rottenburg.
Pendant plusieurs années, Augustinus Hieber a été un prêtre comme beaucoup d'autres apparemment: pieux, simple, bon, exerçant son ministère dans la Forêt-Noire, à Schramberg, puis à Stuttgart, où il fut chargé de la pastorale des jeunes et des malades, où il prit part à la construction d'églises, à l'animation de groupes et d'associations pieuses.
Ce furent des années d'intense labeur, qui se terminèrent brutalement en 1936 par une très grave maladie: une guérison prodigieuse étonna toute la paroisse et attira l'attention sur le pauvre curé, qui se trouva soudain en proie à une publicité des plus inopportunes. On parlait de miracle, quelques proches firent état de la vie intérieure du prêtre ou du moins de ce qu'ils en percevaient: on parla des heures d'adoration qu'il passait la nuit, près du tabernacle, de la lumière mystérieuse qui irradiait son visage pendant la messe, de sa confiante dévotion à la Vierge Marie et au Sacré-Coeur, tant et si bien qu'effarouché par ces bruits indiscrets et de plus en plus insistants, le curé demanda son changement de paroisse... et l'obtint aussitôt!
Augustinus Hieber fut nommé curé d'un hameau, au coeur de la montagne souabe: Merazhofen. C'est là qu'il passa le reste de sa vie, c'est là que sa sainteté se manifesta pleinement. Pendant quelques années, il put se consacrer de tout son coeur à sa nouvelle paroisse, pasteur et père comme rarement, de mémoire d'homme, on en vit là-bas. Come le bon curé était un saint, le village entier s'imprégna, de façon extraordinaire, de sa sainteté, et devint un haut-lieu de grâces. Le P. Hieber fut chargé de trois fonctions importantes qui furent, en quelque sorte, les instruments de son rayonnement: il eut la charge du Tiers-Ordre franciscain pour toute la région, la responsabilité du doyenné de Leutkirch, pour tout le clergé séculier, et fut nommé commissaire épiscopal pour ce même doyenné.
Comme sa réputation de sainteté se répandait, les visiteurs affluèrent: il les recevait tous et souvent très tard dans la nuit, opérant de plus en plus de prodiges, voire des miracles: conversions et guérisons se multiplaient sous sa bénédiction, il lisait dans les consciences, prophétisait comme malgré lui, jouissait d'une étonnante familiarité, si l'on peut en croire certains témoins, avec tout le ciel, avec les âmes du purgatoire... Il priait, sans cesse ni trève, le rosaire toujours en mains, passait des heures prosterné au pied de l'autel et abîmé en adoration. Il conduisait sa paroisse vers les sanctuaires de la région, en pèlerinages mémorables, notamment à une chapelle consacrée à Notre-Dame de La Salette, tout près de Merazhofen. Quand il put en 1956 conduire ses fidèles à Rome, puis à San Giovanni Rotondo auprès du Padre Pio, quelques personnnes qui priaient avec lui dans l'église N.D. des Grâces purent assister avec émotion à une très bouleversante scène, digne des fioretti. Le Padre fit appeler le P. Hieber auprès de lui. Recueilli, toujours plongé dans sa prière, l'humble curé alla auprès du vénérable stigmatisé, suivi de quatre ou sinq de ses paroissiens; au moment où il allait se mettre à genoux pour recevoir sa bénédiction, tout le monde vit avec édification le Padre lui-même se baisser et s'agenuiller devant le P. Hieber, pour en recevoir une bénédiction: après un bref assaut d'humilité de part et d'autre, le saint curé allemand bénit, par obéissance, le saint moine italien profondément incliné davant lui! Les amis du Père Hieber purent avoir alors quelque idée de la haute sainteté de leur pasteur, dont le stigmatisé dit à un groupe de pèlerins allemands:
- "Pourquoi venir si loin, alors que vous avez un si grand saint dans votre pays même?"
Le Père Hieber ne parlait jamais des grâces à lui faites par le ciel; tout ce que nous en savons est le fruit de confidences très rares accordées à quelques intime et révélées après sa mort. Par un témoin autorisé, nous savons qu'au cours du fameux pèlerinage de 1956 en Italie, le groupe fit étape, pour une journée et une nuit, au Mont-Gargan où se dresse l'un des plus anciens et vénérables sanctuaires dédiés à saint Michel. Le P. Hieber avait un culte tout particulier pour le grand archange. Et, bien sûr, il souhaitait célébrer une messe dans ce lieu sacré. Au cours de la nuit, tandis qu'il priait le saint archange d'étendre sa protection dans l'univers entier, le démon surgit davant lui, ivre de rage...
Pendant une heure, de minuit à une heure, des témoins épouvantés assistèrent au combat que Satan livraita au saint prêtre, tentant de le blesser, de le mettre dans l'incapacité de célébrer la messe à l'aurore; le diable criait, tempêtait, blasphémait avec une fureur inouie. Enfin, il dut céder devant l'archange triomphant que le saint prêtre ne cessa d'invoquer pendant tout le temps de la lutte. Nous ne connaissons que cet épisode de la bataille très acharnée et constante que l'ennemi livra au pauvre et saint curé tout au long de sa vie. Le P. Hieber n'en parlait jamais, il disait simplement que tout l'enfer se déchaîne contre un prêtre fidèle et que Satan n'a de cesse qu'il n'ait fait tomber le plus de consacrés, car il peut par eux perdre plusieurs âmes.
Le P. Hieber entretenait une délicieuse familiarité avec la très Sainte Vierge, dont il chanta les vertus et les gloires autant qu'il le put. Ses ouailles l'accompagnaient souvent dans les pèlerinages qu'il accomplissait à Engerazhofen, localité toute proche de sa paroisse et où la toute première église consacrée à Notre-Dame de La Salette avait, en 1866, été édifiée par la population et le curé. En 1954, il put se rendre sur la sainte montagne à l'occasion d'un pèlerinage diocésain. Marie parla alors à son coeur, lui disant:
- "Je suis la Mère du Bel Amour, de la Crainte de Dieu, de la Sagesse et de la Sainte Espérance, de la Vie et des Vertus."
Et elle lui conseilla de lui recommander tous ses enfants, lui promettant d'exaucer sa prière. A Lourdes, où il s'était rendu en 1952, le P. Hieber avait reçu également de mystérieuses faveurs de la Reine du Ciel, mais il n'en parla guère. Il semble qu'il jouissait de la présance constante de Marie, la voyant toujours à ses côtés et lui parlant avec sollicitude de ses ouailles, et l'entretenant avec simplicité et confiance de toutes ses affaires, de tous ses soucis. Et Marie aidait toujours, conseil ou mise en garde se succédaient et aidaient le bon curé à diriger sa paroisse. La Vierge Marie tenait une très grande place dans la vie du P. Hieber qui ne manqua jamais de réciter son rosaire quotidien, sujet fréquent de ses sermons dominicaux. Mais nul ne sait à quel moment précisément de sa vie le bon curé reçut les premières communications de la Mère du Bel Amour: sans doute en 1940, en pleine guerre, lorsqu'il prit courageusement l'initiative de sermons percutants qu'il prononça au sanctuaire de la Vierge de la Salette, à Engerazhofen.
Une autre dévotion très chère au saint curé a été celle de l'Enfant-Jésus, et ce d'autant plus à partir du moment où le divin Enfant manifesta avec éclat sa protection à son serviteur: c'était vers les années 1935-36, au moment où le régime voulut, pour en finir avec la religion, faire interdire le catéchisme à l'école et faire supprimer les croix, les images pieuses etc.... des salles de classe. Le P. Hieber, lisant la nouvelle dans le journal, dit avec calme: "Il faut redoubler de prière, car il en va de la vie intérieure de milliers d'enfants."
Son entourage s'inquiéta, on avait peur qu'un détachement de la Gesatapo vînt arrêter le pasteur, car il avait pris la ferme décision de maintenir à l'école du village toutes les croix et d'enseigner la religion, comme par le passé, malgré les ordres du gouvernement. Un jour, il fut question pour lui d'un contrôle par la Gestapo: c'était peut-être à une semaine de Noël, l'Enfant-Jésus était placé en évidence dans la crêche du presbytère. Comme toutes la localité était en effervescence et craignait de grosses représailles et l'arrestation du curé, des rumeurs angoissées circulaient, d'autant plus qu'à la suite de l'interdiction le P. Hieber, usant des pouvoirs que lui conférait sa charge de responsable du doyenné, avait exigé que les croix restent à leur place dans les 52 écoles du doyenné, que l'on poursuivît les cours de catéchisme et que l'on fît comme par le passé.
Le P. Hieber s'agenouilla devant la crêche du presbytère, un soir... Il commença une prière très instante à l'Enfant-Jésus, lui demandant de garder aux habitants la possibilité de pratiquer leur religion sans être importunés par le pouvoir civil.
Au bout de longues heures d'oraison, le curé, tout étonné, vit la statuette de l'Enfant-Jésus se dresser doucement et devenir éclatante de lumière, au point que le presbytère entier en était éclairé et réchauffé! Et l'Enfant-Jésus dit avec douceur:
- "Il ne vous sera fait aucun mal!"
Le lendemain même, les agents de la Gestapo! Ils frappent brutalement à la porte et se trouvent devant un homme serein, qui leur parle avec un tel accent d'autorité et de douceur que, tête basse et sans rien dire, ils s'en retournent incontinent. A la suite de ce fait, tout le doyenné connut calme, paix et confiance jusqu'à la fin de la guerre...
Une autre grande dévotion du saint curé était celle du Précieux-Sang: il se rendait souvent aux sanctuaires de Weingarten et d'Ottobeuron, qui ont la garde séculaire de reliques du Précieux-Sang du Rédempteur. Il associait cette dévotion à un grand renouveau de l'Eglise et du monde, prophétisant de façon constante que l'humanité sera purifiée comme au Déluge, mais par le Sang du Christ, et que tout sera régénéré par le Saint-Esprit, qui se répand à flots par ce divin Sang même. Quand le pape (Jean XXIII) fit publier les Litanies du précieux-Sang à l'intention de l'Eglise universelle, le saint curé s'écria avec joie et humour: "Ah, voilà que tout entre dans l'ordre! Le cher Saint-Père me permet, après tant d'années, de réciter tout haut cette si belle prière sans être exposé aux foudres de l'Inquisition!"
Le P. Hieber nourrissait également une grand dévotion aux saints, avec qui il entretnait toute la journée une étonnante familiarité: son patron, saint Augustin, et saint Nicolas de Flüe, venaient souvent l'encourager, le guider, l'assister. Et il recevait d'eux des lumières sur le sort des âmes: celles-ci venaient parfois directement à lui, pour demander des prières ou le remercier d'être délivrées du purgatoire grâce à son intercession. Toute sa vie de curé à Merazhofen est jalonnée de ces si réconfortantes lumières sur le sort des défunts et on venait souvent de loin pour le consulter sur ce point; mais il disait très souvent aux personnes: "N'oubliez jamais que Dieu est juste, cela doit à tout instant vous encourager dans le bien et faire croître en vous le désir de la perfecton!"
Le saint curé avançait cependant en âge: ses paroissiens s'étaient si bien habitués à lui qu'on le considérait presque comme immortel. Aussi, lors de sa dernière maladie, en décembre 1967, personne n'osait penser qu'il allait bientôt mourir. C'est, comme il l'avait annoncé, à la veille du tout premier vendredi de l'année 1968 (4 janvier) qu'il mourut, serein et sans agonie. Le village fut consterné, mais les habitants réagirent promptement et, actuellement, la tombe du vénéré curé est un lieu de pèlerinage, une oasis d'oraison pieusement entretenue par tous les villageois. Plusieurs guérisons étonnantes ont été attribuées à l'intercession du saint curé, qui continue de veiller du haut du ciel sur ses petits enfants... Il nommait ainsi tous les fièles, dans cet amour si grand qu'il vécut si fort.
Rosina Kling
Centre BETHANIA - Chaussée de Waterloo 25, B-5000 Namur, "Rosa Mystica", Mars-Avril 1978
1 Kommentar:
Ist Ihnen bekannt das Leben des Pfarrers Augustin Hieber, in Buchform erschienen von Lüthold-Minder "Der Segenspfarrer vom Allgäu" (Miriam-Verlag, Jestetten)? Wahrscheinlich einer der größten Heiligen der Neuzeit, mit außerordentlichen Gaben vom Heiligen Geist ausgestattet, der Gabe der Herzensschau, der Prophetie, Heilkraft für Leib und Seele, ein gewaltiger Prediger und Sänger, ein großer Beter und Büßer, selten intelligent; er sprach und schrieb 5 Sprachen fließend: hebräisch, lateinisch, englisch, spanisch, französisch. Es wäre wünschenswert, dessen Mesner, der ihm 25 Jahre diente, zu interviewen, er weiß sehr viel mehr als im Buch steht; es müßte ein Schreibewandter daraus eine Biographie formen.
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